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  • Photo du rédacteurJeremy Vouillemont

Sécurité alimentaire à la Réunion et souveraineté agricole


Le mouvement des Gilets Jaunes a soulevé la problématique de la sécurité alimentaire à la Réunion . 2 semaines de blocages ont mis en évidence la fragilité de la Sécurité alimentaire locale remettant en cause le modèle agricole actuel.

L’appel lancé sur les réseaux sociaux à participer à la manifestation du 17 novembre 2018 contre la hausse du prix des carburants a bien été entendu à la Réunion.


Le Slogan « la Fin Du Mois Et La Fin Du Monde, Même Combat» Apparaît En Quelques Jours.

Les manifestants soulèvent le dossier de la vie chère, du monopole de la grande distribution et de la qualité des produits alimentaire à la Réunion.


Ce qu’il en ressort c’est la dépendance à l’importation. Une économie bloquée pendant 2 semaines entraînant ainsi un non approvisionnement : des rayons des supers marchés, des élevages, des pharmacies, des stations essence en carburant et en gaz…


Sentiment de blocus en situation de guerre


Plus de riz, plus d’huile, plus de produits frais(lait, œufs, viande), plus de conserves, plus de médicaments, plus de gaz pour alimenter les cuisinières, plus de carburant pour se déplacer. Les commerces de proximités, les espaces fraîcheurs, souffrent aussi de ne pouvoir répondre aux besoins de la masse inhabituelle de ces consommateurs, n’étant plus eux aussi approvisionné.


La population Réunionnaise c’est retrouvé en désarroi constatant leur totale dépendance au système économique actuel, basé sur l’importation et l’exportation. De l’importance des entrées des cargaisons à l’aéroportuaire.


Les causes :


Notre modèle culturel gastronomique bat de l’aile.


Comme partout ailleurs, notre manière de consommer à changé pour s’adapter aux normes sociétales française, européenne et mondiale. L’évolution rapide due à notre statut de Département, fait qu'aujourd’hui notre consommation est significativement industrielle. Les Réunionnais cuisinent moins que leurs parents, par manque de temps (travail des parents à l’extérieur, temps de loisir, embouteillage…) devant donc acheter les repas déjà préparé, (snack ; food truck, restaurant, conserves, surgelés…).



Le modèle de consommation local :


La consommation du riz est de 55kg/an/personne, soit 45 365 tonnes l'an dernier (selon les statistiques des douanes, l'équivalent de cinq containers par jour).

La Réunion importe 95% de fruits et légumes transformés principalement en conserves et en surgelés, soit plus de 33 000 tonnes/an (2 000 tonnes seulement sont produits sur l'île). Même l’oignon, l’ail et la carotte sont importés (concurrence notamment indienne, malgache et australienne).


Le modèle agricole local.


La Réunion, 1ère région européenne productrice de sucre de canne.

Notre petite île d’une superficie de 2512 km² pour 851 000 habitants, a 55 000 ha de surface agricole utile, soit 20% de la surface de l’île.

70% des besoins du marché du frais est couvert par la production locale, et 50% en y incluant les produits transformés. (Production de 95 000 tonnes de fruits et légumes dont 1800 tonnes sont exportés : ananas, letchis, mangues, fruits de la passion, vanille…)


La monoculture de la canne à sucre représente 80% des terres agricoles et après transformation en sucre et en rhum, est exportée vers le marché national, européen et mondial.


Paradoxes : les produits industriels transformés consommés par les Réunionnais contiennent du sucre de betterave, moins cher que le sucre de canne, un fort taux élevé de Réunionnais sont diabétique et ont une dépendance à l’alcool.

Constat : Au moindre problème d’approvisionnement, la production locale ne peut couvrir 100% des besoins alimentaire de la population Réunionnaise. La sécurité alimentaire est fragile. La population doit penser à avoir sa souveraineté alimentaire.



Les solutions envisagées : Le changement de notre modèle agricole et de notre style de consommation.


Cette crise a permis l’éveil et la prise de conscience générale de la dépendance énergétique et de l’insécurité alimentaire et autres (médicaments, carburants, gaz, alimentation animal…).


La population souhaite consommer local, à un prix éthique et équitable, des céréales (riz…), des féculents, des légumineuses, des fruits et légumes de qualité biologique. L’envie de se réapproprier la gastronomie culturelle, de recycler les restes, de réintroduire les légumes et les fruits oubliés, du partage, du transmettre le Savoir dans un esprit d’entre aide et de solidarité a été entendu sur les ondes de la radio d’État.


Les blocages, les freins


Les responsables d’exploitations canniers ne veulent pas de ce changement. Maintenir le statut quo leur permet de s’assurer les 50% de subventions… Nous sommes aussi la 2ème Région classé au niveau national dans l’utilisation du désherbant : le glyphosate.

Des associations sont nées de cette crise. Des militants pour le « planté son mangé ». Mais ces motivés se trouvent face à la législation qui demande d’avoir la capacité agricole pour pouvoir avoir du foncier agricole…


D'autres souhaitent investir les parcelles en ville, en faire des potagers collectifs, planter des fruitiers, mais la crainte de devoir payer une amende pour leur action considérée comme désobéissance civile en utilisant le domaine public, les freinent.


Les possibilités


Selon certains experts, la Réunion peut avoir une autonomie alimentaire écologique. Nous avons la chance grâce à notre diversité climatique et les différentes altitudes, de pouvoir cultiver sous abris, sous serre et en plein champs et tout au long de l’année une multitude de produits.



Appliquer des techniques ancestrale d’associations de cultures, de plantes, ne pas laisser la terre nue, faire le design de la parcelle au niveau des arbres, des lieux humides, ne pas retourner la terre, faire des apports de compostage, de paillage, privilégier les semences anciennes, les races d’animaux robustes… 1000m² bien mené permettrait de nourrir une famille de 4 personnes en maraîchage.
La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique.

Les attentes, les besoins pour atteindre la souveraineté alimentaire


Dans l’attente de la volonté des professionnelles à convertir leurs terres agricoles à la diversité de production et visée la consommation locale, les politiques pourraient soutenir les démarches d’installation sur des terres en friches (6600 ha recensé sur l’île en 2015) de personnes volontaires et dont les critères ne seraient pas le diplôme ou l’inscription à l’AMEXA mais bien basé sur le projet.


Le secteur de l’agro-écologie est créateur d’activités car nécessitant de beaucoup de main d’œuvre. De plus une marge de progression importante existe pour approvisionner l'industrie agroalimentaire locale pour la transformation des produits frais. Ce serait un moyen de baisser le taux du chômage et un retour au plein emploi pour 60% des jeunes.


Localement les collectivités, les entreprises et les associations ne répondent pas forcément aux appels à projet des pouvoirs publics : telles que l’Économie circulaire.


Or cette possibilité permettrait une transition douce vers une autonomie alimentaire et énergétique, vers une Économie Sociale et Solidaire.


La volonté de la population à vouloir proposer un nouveau modèle économique, respectueuse de l’humain et de l’environnement ne passerait elle pas par des politiques volontaristes dans l’accompagnement facilitateur de ces économies innovantes ?

Isabelle BEGUE

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